lundi 12 juillet 2010

Il faudrait un abri

Je crée dans l’urgence, dans l’urgence de peindre ce que je pense. Peut être pour essayer de rattraper le temps, ce temps en fuite, toutes ces années où j’étouffais à l’intérieur de moi.

Je peins ce que je pense, ce que j’ai envie. Nul souci d’esthétisme et de réalisme. La couleur de la peau peut être fuchsia, carmin, bleu cobalt. Je ne cherche pas à reproduire la couleur de la chair, mais plutôt celle des rêves qui sont restés en suspens comme des barques échouées sur les récifs… de l’incompréhension… Je peins, je crée, je revis… Je me révèle à moi-même comme une seconde naissance.

Celle que je n’étais pas pendant toutes ces années, coincée derrière les barreaux de mon inconscience, figée dans les méandres de la bienséance, de la raison, de la norme. [La bienséance de paraître… Le paraître au lieu d’être… Le paraître et ne vivre qu’à demi-mesure].

C’est un long combat que de renaître de ses cendres, et tel le phœnix qui déploie ses ailes, prendre son envol, pour un nouvel envol !...

Et si parfois, je reste clouée au sol… Mes bras se font si lourds et ma tête résonne à l’écho du vide de tant d’incertitudes. Je ne sais qui je suis… Mais je suis !... Il suffit de vivre, de respirer… de marcher… de continuer la route, peu importe les doutes. Ils ne me rongent plus. Mais je suis seule à ma route et la route est si longue…

Il faudrait un abri qui se ferait l’écho de ma si longue pénitence… Ecrire est mon abri et l'a toujours été, et Cassandre écrit, vit respire... Cassandre écrit comme elle respire) Car ce n’est que pénitence quand on reste dans l’ignorance et que personne ne vous dit la Vérité ! La vérité à l’enfant que j’étais et qui cherche encore !

C’était écrit à l’écorce de ton visage buriné par le temps, aux racines arrachées dont on m’a privée. Et lorsque [ma main se souvient encore] je touchais ton visage, c’était sans doute écrit dans les sillons marqués. Mais les mots ne sont jamais sortis. Il faut parfois pourtant que les mots soient posés, pour que tout s’éclaire et prenne un sens.

Et si j'ouvre aujourd'hui ce carnet de voyage, et ne sais à l'avance où il ménera, mais se veut comme un bout de route sur le fil du parcours et des déroutes, pour mes enfants, pour oser dire... et que tout s'éclaire pour eux, qu'ils ne restent pas comme je le fus longtemps dans la longue nuit de ma solitude...
Que les mots soient posés une fois pour toute !

Et même si parfois je parle à demi-mots, à mots couverts, ce sont pourtant des mots ouverts qui se veulent justement une ouverture... Cloisonnée que j'étais dans cette "prison"...
Ecrire pour expulser la colère face à l'incompréhension, la colère face aux erreurs, qui vous entaillent un peu plus l'âme. La colère, qui peut parfois tenailler si fort et rendre aveugle, au point de ne plus voir l'essentiel.

Car Cassandre vit, respire, elle écrit comme elle respire... Les mots coulent comme ça et se déversent, sans savoir vraiment d'où ils viennent, juste parce qu'ils ont besoin de sortir, pour ne plus étouffer à l'intérieur.



                   Cassandre
avril/juillet 2010

Aucun commentaire: