samedi 24 juillet 2010

En lisant Hugo ! Odes et ballades orientales

Odes et Ballades
Les orientales

Odes

"Quelque chose me presse d'élever la voix, et d'appeler mon siècle en jugement." F. de La Mennais.

"Ecoutez : je vais vous dire des choses du coeur." Hafiz


Texte intégral  - Garnier Flammarion
2449-1968 Imprimerie Reliure Mame
N° Edition 6181 - 2ème trimestre 1968 - Printed in France

Ode neuvième
Le baptême du Duc de Bordeaux
(extrait)

III
"Quel est cet enfant débile
Qu'on porte aux sacrés parvis ?
Toute foule immobile
Le suit de ses yeux ravis ;
Son front est nu, ses mains tremblent,
Ses pieds, que des noeuds rassemblent,
N'ont point commencé de pas ;
La faiblesse encore l'enchaîne ;
Son regard ne voit qu'à peine
Et sa voix ne parle pas."
V.H.



(à la façon de... à ma façon)
Quel est cet enfant "débile" ?
[Et voilà que déjà jeté en pâture...]
Crie, injurie, beugle la foule aveugle à mots couverts
dans les chuchotements amers de leurs âmes infirmes,
et qui reste dans l'ombre à guetter, sournois, narquois,
poignards, glèves perçant le coeur...
Incultes, ignorants que la lumière de la sagesse pourrait bien aveugler
dans l'infini mépris qu'ils portent, et dont ils se nourrissent.
Mais qu'ils s'abreuvent donc à la source de leurs jugements obscurs !
De la lumière ils ne peuvent être touché,
Avides d'éteindre l'étincelle !...
Toute étincelle même de leur propre progéniture.

et Voilà que déjà on immole l'innocence
jetant en patûre l'enfant à la rue, l'enfant des rues
qui n'a que pour cri, larmes et tombeau
la douleur en sa chair,
en son âme lumineuse devenue blème,
qu'on souffle de mépris pour éteindre la flamme,
vacillante, source de vie....
Eteignez donc la flamme,
Jugez ! Jugez ! Jugez !
Qui vous jugera donc ?!!!
Sous la flamme le brasier....
Quelle est donc cette mère, débile ? Indigne ? Impure ?
De n'être qu'humaine, imparfaite,
Et la mère en sa chair meurtrie
Et la croûte terrestre en son antre écartelée
bouche de lave et coeur de glace
au  ventre ouvert... et chaud,
Et les seins lourds d'avoir porté l'enfant en son sein
Que souffle le vent sur les dunes pleines.

Jetez donc les pierres à la face de la Mère, roulez la dans la boue,
de vos mots creux....
Je resterai debout ! Et je chanterai !... Je chanterai pour l'Enfant !
Je chanterai pour l'innocent !
Je me ferai chienne, ergot d'aigle acéré
Louve, qui hurle à la lune
à l'appel de la forêt
Glève de lumière...
Au front de l'enfant nu que je laverai
Ma main ne tremble plus
Je porte en moi la douleur vive qui jamais ne pourra s'éteindre
Et si je porte en mon front le bandeau noir de la honte.
Honte de vos regards qui se détourne lorsque passent les anges.

Calomnie ! Calomnie ! dit la Mère,


Mère de toute mère
et des peuples de la Terre,
qui battent le sol de leur pieds,
résonne en mon coeur.
Entendez mon chant, entendez mon cri de mère.

"Calme, elle répond :
- je fais mon devoir de flambeau !"
(ext. Mais tu brûles Victor Hugo)


Mais où est tu donc Homme, dont j'ai besoin de la force
Pour soutenir ma main qui ne peut porter le glaive
Car je ne suis que source de vie,
douceur, comme l'enfant qui naît pur

Mais où es tu Homme !
qui ose affronter le regard de la Louve
Lorsque nos coeurs et nos corps se mèlent.

mais ou es tu Homme !
dont j'ai besoin des bras qui m'encerclent de chaleur
pour éteindre ce froid qui me dévaste parfois.
Car nulle douleur en ma chair ne peut plus m'atteindre,
mais mon coeur saigne...saigne... en longs sanglots....

Mais où es tu Homme pour entendre ma voix, mon chant....
quand même auprès de moi
j'ai l'impression de ne saisir que le marbre
le marbre froid des tombeaux !....


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