mardi 22 novembre 2011

La Marionnette

La petite marionnette avait enfin réussi à casser ses ficelles. Et voilà qu'elle se retrouvait les fesses par terre, essayant péniblement de se relever. Elle avait réussi à ramper jusqu'à ce jardin de couleurs, pour se mettre à l'abri et elle se sentait bien dans ce lieu. Oui mais  voilà, le plus difficile restait à faire. Il fallait qu'elle se remette debout, pour pouvoir avancer et découvrir tout ce qu'il y avait à découvrir dans ce lieu et même ailleurs. Et pour une marionnette, après tant d'années attachée aux ficelles du marionnettiste, elle était désarticulée. Chaque fois qu'elle essayait de tenir sur ses jambes, le souffle du vent jaloux, la faisait s'effondrer à nouveau. Elle s'épuisait ainsi... Et pensait ne jamais y arriver.

C'est alors que sur une branche au dessus d'elle, un petit oiseau la regardait et l'entendant chanter, elle leva la tête. Son chant était si pur et clair qu'elle ne pouvait le quitter des yeux. Et elle se rendit compte qu'elle comprenait son chant. Le petit oiseau  vola vers elle, et de ses ailes blanches attrapa une des ficelles attachées à son poignet et la fixa à une autre branche de l'arbre. Il en fit de même avec l'autre ficelle. La marionnette se retrouva alors enfin debout mais toujours maintenues par les ficelles. Ce n'était pas la solution se dit elle.

Elle se mit à réfléchir pendant qu'elle était ainsi suspendue, C'est alors que l'idée lui vint de resserer les écrous qui faisaient la jonction entre ses jambes. Pour les bras, elle verrait plus tard en attendant, ils restaient balants. Mais une fois les écrous des jambes resserées, elle constata qu'elle pouvait enfin se maintenir debout toute seule. C'était déjà bien. Il lui fallait maintenant avancer. Le petit oiseau une fois qu'elle fut debout, dénoua les ficelles qu'il avait attachées aux branches de l'arbre. Et maintenant le vent jaloux un peu fou avait beau souffler, elle ne tombait plus.
Il fallut un peu de temps à la petite marionnette pour apprendre à marcher correctement, mais son ami l'oiseau était toujours là pour l'encourager. Et un beau jour, après bien des efforts, elle arriva même à courir. Le petit oiseau et la marionnette était devenue inséparable. Il se nichait sur son épaule et parcourait ensemble des contrées jusque là inexplorées. Ils en prenaientt plein les yeux et le coeur. Enfin plein le coeur, façon de parler, car la petite marionnette était faite de bois et sentait bien qu'il lui manquait un coeur, un coeur qui batte dans sa poitrine, et qui lui fasse prendre conscience qu'elle était bien vivante. Celà la rendait triste.

 Ca avait toujours été le marionnettiste qui la faisait se mouvoir grâce aux ficelles qui la maintenaient, lui donnant l'illusion d'être vivante. Mais en vain...  Elle voulait vivre vraiment et n'être pas qu'une illusion... Et n'avoir qu'un semblant de vie sous les ficelles du marionnettiste. Redevenir un bout de bois inerte posée dans un coin, une fois que la représentation du marionnettiste achevée. Vivre, ressentir, aimer... Avoir la chair de poule aussi, car quand on est un marionnette de bois, on ne sent pas sur sa peau la brindille d'herbe qui vous chatouille, ou la brise qui vous caresse le visage. 

Ce n'est pas que le marionnettiste était méchant, mais longtemps il avait cru que c'était une marionnette comme toutes les autres marionnettes. Il n'avait jamais remarqué, que chaque soir, dans son atelier, quand tout le monde dormait, la petite marionnette s'animait, ses yeux s'ouvraient et se levaient vers la lucarne d'où elle pouvait voir la lune et les étoiles tous les soirs, se disant : "un jour j'irai voir toutes ces étoiles du haut de la butte, dehors c'est si beau ! J'étouffe ici !".  Et c'est pour ça qu'elle décida un beau jour,  de casser ses ficelles et de s'enfuir de l'atelier du marionnettiste, qui depuis sa fuite restait bien triste et inconsolable.

Le petit oiseau comprenant la peine de la marionnette savait qu'il existait une rivière aux souhaits. Il décida d'y emmener la petite marionnette en espérant que son souhait serait exhausé....

(à suivre)

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